Onam (ഓണം) :
Célébré selon certaines sources depuis plus de 1 200 ans, le festival de la moisson Onam est le plus grand événement annuel du Kerala. La population tout entière prend part aux rites traditionnels, pour le plus grand plaisir des nombreux touristes venus assister aux célébrations. L’immense popularité de cet événement lui a permis d’accéder au statut de festival national en 1961.
Comme beaucoup de fêtes anciennes, Onam est associé à une légende, celle du roi Mahabali. Ce souverain aurait régné sur le Kerala dans un passé lointain. Grâce à lui, l’État aurait connu un âge d’or. Très respecté par la population, Mahabali a reçu le titre de «
Chakravathy », le « roi des rois ». Il aurait même battu Indra, le roi des dieux qui ne tardèrent pas à se venger. Ils organisèrent en effet une machination pour le déstabiliser et l’envoyèrent en enfer. Avant de quitter ce monde, Mahabali demanda une dernière faveur aux dieux qui la lui accordèrent : une fois par an, au début de la nouvelle année du calendrier Malayalam, son esprit rendra visite au peuple du Kerala qu’il portait dans son cœur. Telle est l’origine du festival Onam, qui fête en grande pompe le retour du roi Mahabali.
Dix jours de réjouissances Onam fut longtemps célébré pendant tout un mois, de mi-août à mi-septembre. Aujourd’hui, la fête dure dix jours, et chaque journée a son importance. Le festival culmine au 10e jour, les neuf autres servant à le préparer.
Le premier jour appelé Atham est consacré à la prière, mais aussi au nettoyage des maisons de fond en comble. Les habitants du Kerala commencent alors la confection des
pookalams, ces somptueux tapis de fleurs pouvant mesurer jusqu’à 5 mètres de diamètre, qui sont posés devant les maisons pour accueillir l’esprit de Mahabali. Leur fabrication est un véritable art : il faut d’abord dessiner des motifs jolis et originaux. Inutile de préciser que les fleurs en plastique sont interdites… Des statuettes d’idoles sont placées au centre de ces tapis de fleurs. Les femmes sont en charge de la confection tandis que les hommes doivent récolter les fleurs, même si aujourd’hui les marchés du Kerala les vendent par kilos. Ces chefs-d’œuvre d’artisanat doivent être prêts pour le dernier jour de fête. Pendant le festival, plusieurs villes organisent même des concours du plus beau
pookalam.
Entre le deuxième et le quatrième jour, les familles poursuivent les préparatifs, la foule se presse devant les étals des marchés, les femmes chantent en préparant les pookalams : l’ambiance est à la fête. Le quatrième jour, la ville de Trichur accueille les artistes Pulikali. Les corps peints comme des tigres, ils dansent, jouent et reconstituent des scènes de chasse.
Vallamkali, ou la course de bateaux-serpents, se tient le cinquième jour sur la rivière Pampa, dans les célèbres
backwaters du Kerala. C’est le clou du festival : des milliers de spectateurs se rassemblent sur les rives d’Aranmulla, à une centaine de kilomètres de Cochin, pour suivre la compétition. Une quinzaine de bateaux très effilés, qui mesurent environ 45 mètres de long, s'affrontent. Ils ressemblent à des serpents, d'où leur nom. Ils sont manœuvrés par une centaines de rameurs abrités par des ombrelles aux couleurs vives. Les spectateurs parient sur des équipages et l’ambiance est survoltée. Cette course doit sa grande popularité à Jawaharlal Nehru, le premier Premier Ministre de l’Inde, qui affectionnait particulièrement cette manifestation où régnait l’esprit d’équipe. C’est ainsi qu’il instaura en 1952 le trophée Nehru récompensant les meilleurs rameurs.
Les sixième et septième jours, les familles se réunissent. Le huitième jour, les fidèles fabriquent des statuettes d’argile représentant Mahabali et appelées
Ma, qu’ils décorent de fleurs. Les familles se rassemblent le neuvième jour pour rendre hommage à l’aîné, en lui offrant des produits de la ferme récoltés dans l’année.
Au 10e jour, le retour de Mahabali Le dixième et dernier jour, Thiruvonam, est le plus attendu. Selon les croyances, l’esprit du roi Mahabali vient alors rendre visite à son peuple bien-aimé. Très tôt le matin, les maisons s’activent, les temples se remplissent de fidèles tandis que les Pookalams et Ma sont installés devant les maisons.
L’événement le plus apprécié de la journée est sans doute le Onam Sadya, le déjeuner-festin organisé pour montrer au roi Mahabali que son peuple est prospère et joyeux. Un proverbe du Kerala dit d’ailleurs : « Nous assisterions à l’Onam Sadya même si nous devions vendre nos maisons. » Le repas est constitué de neuf plats végétariens servis dans des feuilles de bananiers. Traditionnellement, une « assiette » se compose de riz, de chutney, de curry, de fruits… La disposition de chaque ingrédient sur les feuilles fait l’objet d’une attention particulière, et il est d’usage de manger avec les mains. Une boisson est servie pour ses bienfaits corporels : de l’eau bouillie avec du cumin et du gingembre.
C’est aussi en ce jour que se tiennent à travers tout l’État des compétitions appelées « Onakalikal ». Beaucoup de ces jeux sont traditionnels même si les cartes, les dés et les échecs sont aussi présents. On pratique l’Ambeyyal, une sorte de tir à l’arc où les arcs sont en bambou, l’Attakalam, une démonstration de force, et des jeux de balle. Les femmes s’adonnent à des danses spécifiques et fredonnent des chants propres au festival. Trichur, la capitale culturelle du Kerala, accueille une procession d’éléphants, un spectacle très apprécié et suivi par la population et les visiteurs. Chaque éléphant est minutieusement paré de soie et de bijoux. Ils défilent sous les yeux ébahis des spectateurs. Enfin arrive le moment préféré des enfants : la distribution des cadeaux. L’Onam se tenant le premier mois du calendrier Malayalam, il est de coutume d’offrir de nouveaux vêtements en signe de renouvellement. Le festival s’achève sur une explosion de feux d’artifice.
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